Revenons sur le parcours de 3 pharmaciennes titulaires de notre groupement. Très impliquées dans leur travail, elles n'oublient pas pour autant leur vie de famille.

1 / Pouvez-vous nous présenter votre parcours, votre pharmacie, votre équipe ? 

Camille Lefranc, 35 ans, Pharmacienne titulaire

Je m'appelle Camille, j’ai 35 ans et je suis titulaire d’une officine à Paris depuis un peu plus d’un an. Avant cela j’étais directrice marketing opérationnelle des laboratoires FilorgaAprès mes études de pharmacie filière officine, je souhaitais être mieux préparée à l’exercice de mon métier, j’ai donc fait un master spécialisé et j’ai rapidement rejoint l’industrie pharmaceutique.
L’expérience que j’ai acquise grâce à ce parcours me sert tous les jours ! 

 

Camille Muel, 37 ans, Pharmacienne titulaire

J'ai travaillé 5 ans en tant qu'assistante avant de chercher à m'installer. En 2012, mon associé m'a contacté pour faire partie du projet d'achat de la pharmacie et du passage sous enseigne Pharmacie Lafayette sur Montauban. J'étais alors enceinte de mon premier enfant et je trouvais tout à fait raisonnable de commencer en tant qu'assistante afin de valider la pharmacie. J'ai racheté mes parts très rapidement, les évolutions étant favorables. Cette association s'est révélée d'une exceptionnelle qualité !

 

Lisa Quilichini, 41 ans, Pharmacienne titulaire  

 Mon parcours est assez atypique. Après les classes préparatoires à l'école supérieure HEC, j'ai décidé de changer de métier et de suivre celui de ma mère. J'ai racheté sa pharmacie, il y a 11 ans. La succession de la pharmacie n'était pas facile, autant pour les clients que pour moi. Aujourd'hui, je m'épanouis complètement.

 

2 / Que représente la journée des droits de la femme pour vous ?

Camille L : La journée de la femme est l’occasion de se rappeler combien il a fallu se battre pour avoir le droit de revendiquer les mêmes pouvoirs que les hommes : voter, gagner sa vie, être automne... Mais la situation de la plupart des femmes et des filles dans le monde évolue extrêmement lentement. Je crois qu’on ne peut pas imposer aux femmes le droit d’être l’égal de l’homme, tout en leur demandant de continuer à porter le foyer à bout de bras. Ces droits doivent servir à nous rendre respectables, à faire en sorte que notre avis et nos idées soient écoutés et valorisés. 

Camille M : Réaliser que la vie ne nous permet pas de naître toutes égales et que d'autres femmes dans le monde n'ont pas la même chance. L'occasion aussi de réfléchir à la position de la femme dans notre société. Je pense qu'en réalité rien n'est à prouver mais les mentalités doivent encore changer à ce sujet, et je crois qu'elles évoluent. Je suis atterrée par le machisme. Quand je l'observe, je passe ma route et déploie mon énergie ailleurs.

Lisa : Dans ma pharmacie, il y a autant d'hommes que de femmes, ce qui fait un bon équilibre. La journée des droits de la femme ne m'atteint pas forcément. En vérité, je n'en ai jamais souffert. Pour moi, quand on maîtrise son sujet, on arrive à trouver sa place et on se fait écouter. 

 

3 / Qu’aimez-vous dans votre métier de pharmacienne ?

Camille L : C’est un métier tellement varié qui demande une vraie énergie ! J’aime me mobiliser sur plein de sujets différents avec toujours comme objectif le bien-être et la satisfaction de nos patients. La pharmacie est souvent le dernier passage du parcours de soin, c’est l’occasion d’aider nos patients à s’approprier leurs traitements, d'apprivoiser leur maladie. Trouver le bon produit pour le bon patient qui revient vous dire après quelques jours : "MERCI". Ça c’est vraiment super !

Ma pharmacie me permet aussi d’exprimer mon engagement pour l’écologie et la planète au travers d’un corner « zéro déchet » mais aussi ma conviction que l'on peut proposer des produits bio, naturels, et efficaces à des prix bas. Tout cela me tient à cœur pour nos enfants ! Les miens de 3 et 7 ans y sont déjà très attentifs. 

Camille M : Le contact, l'humain, le relationnel, la communication, la transmission du savoir. Pour moi, c'est le plus important.

Lisa : J'aime mon métier parce qu'on ne s'ennuie jamais : aider les clients, manager mon équipe, faire de la vente... Je touche à tout ! 

 

4 / Quel a été votre plus gros défi au cours de votre parcours ?

Camille L : Je dirais de faire cohabiter correctement vie professionnelle et familiale. Le tiraillement entre le besoin de s’exprimer dans son métier et le bonheur trouvé auprès de ses enfants et de son foyer est tellement difficile à gérer ! 

Camille M : Savoir déceler l'opportunité qui se présentait à moi dans cette association et la saisir. J'ai dû faire des choix très durs pour une femme, m'investir dans cette entreprise en lui consacrant beaucoup de temps. Un temps tellement précieux car je n'en faisais pas profiter mon fils ! L'investissement a donc été colossal pour moi, d'autant plus qu'à l'époque je ne pensais pas avoir d'autre enfant. Mais c'était mon défi, celui justement de pouvoir réussir à entreprendre en étant une femme, de surcroît jeune. J'ai eu la chance de rencontrer mes associés qui ont cru en moi.

 

5 / Y a-t-il des spécificités dans le fait de manager en tant que femme ?

Camille L : Effectivement, être une femme manager est délicat, d’ailleurs manager est un mot masculin ! Le management féminin est très exigeant. Parce que nous sommes des femmes, on attend de nous plus d’écoute, de bienveillance, de protection. Alors quand on doit faire preuve d’autorité, on nous classe très vite dans la catégorie injustice, avant même d’entendre le sens de notre remarque. C’est d’après moi grâce à cela que nous avons un grand capital confiance. Nous avons appris à développer de vraie valeur de leadership. 

Ce que j’aime le plus avec mes collaborateurs c’est les faire grandir et évoluer. Les voir partir de chez moi mieux armés pour affronter leurs prochains défis me rassure toujours sur le rôle que j’ai pu jouer dans leur carrière. 

 

6 / Comment conciliez-vous vie professionnelle et vie de maman ?

Camille L : Aujourd’hui, j’ai trouvé un équilibre étant plus disciplinée : pas de travail à la maison et pas de « charge mentale » emportée à la pharmacie. Être à 100% à ce que je fais m’aide beaucoup. J’accorde également plus d’importance à ce qui me fait du bien : je prends le temps de faire du sport notamment et j’essaye d’associer mes enfants à mes activités ! Dans mon quotidien, ma priorité c’est mes enfants et, dans la gestion de mon équipe 100% féminine, j’accorde toujours la plus grande importance à l’équilibre professionnel et personnel. J’ai aussi la chance d’avoir un mari très impliqué dans la gestion de notre quotidien et dans l’éducation de nos enfants, ce qui me permet de dégager plus de temps pour la pharmacie. 

Camille M : Aujourd'hui, c'est sans conteste plus facile. La pharmacie ayant évolué, je peux déléguer, organiser, m'appuyer sur une équipe fiable en qui j'ai toute confiance. C'est à mon avis la clé ! Et puis en tout premier lieu évidemment, nous sommes trois associés. Après, le temps que je consacre à mes enfants, je le consacre pleinement. Je suis à eux quand je suis avec eux.

Lisa : J'ai 3 garçons, et un mari qui est toujours derrière moi. Il m'aide beaucoup à la pharmacie. J'ai conscience que je travaille beaucoup, mais j'arrive a concilier ma vie professionnelle et ma vie de maman. C'est avec du recul que je me suis affirmée en tant que femme et de maman.

 

7 / Un conseil à donner aux jeunes professionnELLES qui souhaitent devenir gérantes d’une officine ?

Camille L : N’ayez pas peur, lancez-vous, c’est génial car notre quotidien est très varié et on peut réellement apporter du bien-être autour de nous. C’est un métier qui permet aux valeurs féminines de s’exprimer pleinement ! Notre capacité à partager, écouter et gérer plusieurs choses en même temps, est un grand atout dans notre métier. J’aimerais conclure en citant un homme : « ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait ». Cette phrase serait si belle au féminin. 

Camille M : Le métier évolue beaucoup. Attention à la charge mentale que peut représenter l'officine. Avoir à ses côtés un(e) associé(e) expérimenté(e) bénéficiant d'un bon réseau est un avantage très important et rassurant. Et pour que l'association fonctionne, il faut savoir faire des concessions. 

Lisa : Foncez, il y a tellement d'opportunités. Être bien entouré et avoir de la foi, c'est l'essentiel ! Il faut y croire, même si rien n'est acquis d'avance.