Selon un récent sondage IFOP1 en 2016, 14% des français déclaraient être tatoués contre 10% seulement en 2010, tous sexes et catégories sociales confondus. Outre l’effet de mode et l’exigence esthétique de ses adeptes, il existe pour cet art un domaine d’application en train d’éclore : celui du tatouage réparateur.

En permettant aux personnes complexées, malades, opérées …de se réconcilier avec leur corps et d’être mieux dans leur tête pour aborder la vie, le tatouage esthétique devient réparateur.

Le tatouage, un art réalisé par des experts

Longtemps marginalisée, cette pratique, parfois qualifiée de « dixième art », fait de plus en plus d’émules : le nombre de tatoueurs grandit chaque année et la dimension esthétique du tatouage aujourd’hui demandée est de plus en plus importante. Exposant nos tatouages comme de véritables trophées, on parle dorénavant de « son » ou « sa » tatoueur-euse à son entourage avec fierté…L’anthropologue et sociologue français David Le Breton n’hésite pas à parler de  « bijou cutané »2. Il est loin le temps du tatouage de bagnard !

L’activité d’Artistes tatoueurs est encadrée par une déclaration à l’ARS et répond à un cahier des charges strict : il s’agit d’experts qui bénéficient d’une formation à l’hygiène, aux nouvelles pratiques et leurs champs d’application. Au-delà d’une spécialisation dans un style ou un autre (maori, oldschool…), certains s’engagent dans une nouvelle discipline qui se distingue actuellement : le tatouage réparateur et esthétique, encore peu connu de tous.

 

Le tatouage réparateur et esthétique, une discipline aux indications multiples

Le tatouage réparateur consiste à utiliser les techniques du tatouage artistique traditionnel (dermographe et encres) pour restaurer le corps ou le maquiller de façon permanente.

Créer une illusion d'optique en jouant avec des encres dédiées et des jeux d'ombres et de lumière permet de dissimuler un complexe, de clore un épisode douloureux, d’améliorer son image corporelle, de (ré)-apprendre à aimer son corps après une opération ou une maladie. En ce sens, on peut parler de tatouage thérapeutique puisque qu’il permet d’évoluer vers un mieux-être !

 

Les principales indications sont les suivantes :

  • Redonner vie à un sein à la suite d’une chirurgie mammaire : la forme, la taille et la pigmentation d'une aréole ou d'un mamelon peuvent être altérées après une chirurgie mammaire (cancer du sein, augmentation/réduction mammaire, lipofilling…). Une fibrose blanche est visible autour des aréoles, une greffe de mamelon n’est pas assez en volume ni assez colorée. On peut ainsi recréer un mamelon et son aréole en trompe-l’œil !
  • Masquer des cicatrices (plus claires ou plus foncées que la carnation) à la suite d’une blessure, d’une greffe de cheveux(Follicular Unit Extraction/Follicular Unit Transplantation), un lifting, une abdominoplastie ou encore des vergetures. 
  • Créer l'illusion de sourcils ou de cils, tombés lors d'une chimiothérapie ou d'une maladie (alopécie, pelade…), symétriser des sourcils et les redensifier. 
  • Créer l'illusion de cheveux dans les cas d'alopécie, de pelade ou de calvitie (effet de densité ou de crâne rasé) : on parle alors de tricopigmentation (du grec « tricho » qui signifie cheveu ou poil).
  • Les peaux brulées.
  • Les affections ou pertes de pigmentation de la peau comme le vitiligo

Le tatouage réparateur apparait comme une excellente option pour camoufler ces traces accompagnées de souvenirs, de douleur, de tristesse et laisser place à un rappel de ce que l’on a réussi à surmonter. Aux multiples applications, cette technique nécessite toutefois un entretien préalable ainsi qu’un avis médical car elle n’est pas toujours réalisable.

Vous souhaitez en savoir plus sur le tatouage réparateur ? Découvrez le travail de Muriel, tatoueuse spécialisée en tatouage réparateur et esthétique qui camoufle des cicatrices et restaure le sein des femmes après une chirurgie mammaire de reconstruction grâce a cette technique artistique et thérapeutique : https://www.lestatouagesdemuriel.com/

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1https://www.ifop.com/publication/les-francais-et-le-tatouage/
2 Le monde à fleur de peau : sur le tatouage contemporain, David Le Breton, Hermès, La Revue 2016/1 (n° 74), pages 132 à 138