Contrairement aux idées reçues, l’insuffisance cardiaque est une maladie qui touche l’ensemble de la population. Plus fréquente chez la personne âgée, elle concerne 3% de la population française.
Certains médecins la qualifient même «d’épidémie silencieuse» car, lorsqu’elle se manifeste, les symptômes qui la caractérise (essoufflement, fatigue intense, chevilles enflées…) sont bien souvent confondus avec les signes du vieillissement et s’installent progressivement.2
Si l’insuffisance cardiaque n’est pas donc si rare que ça, cette maladie qui désigne l’incapacité du muscle cardiaque à propulser correctement le sang dans l’organisme demeure paradoxalement peu connue.
Disposant d’un arsenal thérapeutique très développé, l’insuffisance cardiaque est aujourd’hui une maladie avec laquelle on vit très bien. Irréversible, celle-ci peut toutefois occasionner, de graves complications, voire une urgence vitale dans certains cas, si elle n’est pas prise en charge.
L’insuffisance cardiaque, une baisse d’efficacité du muscle cardiaque
Les signes du cœur :
Notre cœur est habitué en permanence à compenser certaines situations pour assurer l’expulsion du sang dans l’ensemble de l’organisme et couvrir ses besoins en oxygène. Il accélère par exemple sa fréquence et son débit cardiaque en cas d’effort physique ou de stress.
En cas de maladie des valves, des artères ou du muscle lui-même, il fournit plus d’efforts pour remplir sa mission ce qui induit à long terme des modifications physiologiques : il perd de son élasticité (fibrose), sa paroi s’épaissit et ses cavités se dilatent (Hypertrophie cardiaque).
En retour, ses capacités de compensation diminuent jusqu’à ne plus pouvoir compenser du tout : le cœur n’est plus capable de propulser le sang dans tout l’organisme, d’abord à l’effort puis au repos. On parle alors d’insuffisance cardiaque chronique (ICC) ou insuffisance cardiaque.
L’insuffisance cardiaque, une maladie silencieuse à ne pas négliger
Dans la grande majorité des cas, la maladie s’installe progressivement, tout d’abord à l’effort puis également au repos.
Les symptômes les plus typiques sont :
- Une fatigue et un épuisement, d’abord à l’effort puis au repos.
- Un essoufflement voire une détresse respiratoire (respiration courte et sifflante) lors d’efforts physiques importants puis plus tard également au repos ou la nuit au lit.
- Une rétention d’eau (œdème) : le cœur n’arrivant plus à éjecter correctement le sang dans les artères à chaque contraction, la circulation sanguine ralentit, stagne et s’accumule dans les vaisseaux sanguins. Sous l’effet de la pression qui augmente, la paroi de ces derniers laissent passer le liquide dans les tissus, entrainant la formation d’œdèmes. Recevant moins de sang, le rein compense en éliminant moins de sel et d’eau dans les urines.
Les œdèmes apparaissent d’abord aux chevilles pour s’étaler ensuite aux jambes et remonter jusqu’au tronc. L’eau s’accumule dans l’abdomen, entrainant des troubles gastro-intestinaux, une sensation de ventre ballonné, une perte d’appétit, des lourdeurs digestives, voire des problèmes de foie. La rétention d’eau est responsable d’une prise de poids rapide (plus de 1,5 kg en 1 ou 2 jours, ou de 2,5 kg en 1 semaine) et entraine aussi un besoin d’uriner fréquemment la nuit.
Les symptômes de l’insuffisance cardiaque sont plus ou moins marqués et varient selon le type d’insuffisance et selon son degré de gravité3. D’autres manifestations peuvent survenir telles que : des douleurs thoraciques et/ou abdominales, des palpitations, des douleurs au foie, des nausées et une perte d’appétit, une perturbation du sommeil, des troubles de la mémoire et de la concentration, un dysfonctionnement voire une insuffisance rénale…
Non traitée, cette maladie évolue généralement vers une insuffisance cardiaque aigue et/ou un œdème aigu du poumon (urgence vitale). Par exemple, le pronostic de survie à 5 ans pour les patients souffrant d’ICC est de 50%, en particulier pour ceux atteints d’ICC gauche. L’insuffisance cardiaque est par conséquent une pathologie silencieuse grave, potentiellement mortelle, à prendre en charge le plus tôt possible une fois détectée.
L’insuffisance cardiaque, une maladie aux causes et facteurs de risques multiples
L’insuffisance cardiaque est liée à une lésion cardiaque provoquée par un ou plusieurs troubles cardio-vasculaires ou pulmonaires. Les causes et les facteurs de risques sous-jacents sont donc multiples.
- L’infarctus du myocarde est l’une des causes les plus fréquentes de l’insuffisance cardiaque. Celui-ci se produit à la suite d’une obstruction d’une des artères coronaires qui alimentent en oxygène le cœur; Cette obstruction provoque une lésion irréversible du muscle cardiaque empêchant celui-ci de fonctionner normalement.
- L’hypertension artérielle est la deuxième cause d’insuffisance cardiaque. Une hypertension artérielle non traitée ou mal contrôlée conduit à fatiguer le cœur. Lorsque la pression artérielle est en permanence trop élevée, le cœur doit lutter contre une forte pression pour expulser le sang dans les artères : il s’épaissit pour rester d’abord efficace puis perd de sa puissance contractile pour aboutir à l’insuffisance cardiaque.
Autres causes :
D’autres troubles cardio-vasculaires et respiratoires, moins fréquents, peuvent être également à l’origine d’une insuffisance cardiaque2 :
- des troubles du rythme et de la conduction cardiaque.
- des maladies des poumons comme la bronchopneumopathie obstructive, l’hypertension artérielle pulmonaire, qui gênent la circulation du sang et fatiguent le cœur droit.
- une anomalie des valves cardiaques : les clapets assurant l’étanchéité et le passage du sang entre oreillettes et ventricules et entre ces derniers et les artères (aorte et artère pulmonaire) présentent un rétrécissement ou un défaut d’étanchéité, ce qui perturbe la circulation du sang entre les oreillettes et les ventricules ainsi qu’entre ces-derniers et les artères.
- des atteintes du muscle cardiaque (ou myocardopathie). Elles peuvent être d’origine génétiques, ou parfois consécutives à une infection, à des prises médicamenteuses (traitement de certains cancers), à de la radiothérapie réalisée au niveau du thorax, ou à une consommation excessive d’alcool ou de drogues.
L’insuffisance cardiaque, une prise en charge développée et efficace
Comment se soigne l’insuffisance cardiaque ?
La prise en charge de l’insuffisance cardiaque vise à réduire les symptômes, à améliorer la qualité de vie des patients et à prévenir les épisodes d’insuffisance cardiaque aigüe et autres complications de l’ICC.
Elle repose sur 3 axes :
- La prise en charge de la maladie qui en est à l’origine et traiter les symptômes; les traitements médicamenteux sont donc nombreux : ils font appel aux vasodilatateurs, diurétiques, bétabloquants mais également aux traitements électriques aves des dispositifs de stimulation et/ou défibrillation cardiaque (pour prévenir les troubles cardiaques graves).
- La mise en place de mesures hygiéno-diététiques, dans le but de soulager le travail du cœur et prévenir certaines complications : arrêter le tabac, lutter contre le surpoids et l’obésité, manger moins gras et moins salés (<4 à 6 g de sel/j), limiter la consommation d’alcool et de viandes rouges, boire raisonnablement (pas plus de 1 à 2 L) afin d’éviter la rétention d’eau, contrôler le stress, avoir une activité physique adaptée régulière (natation, marche, vélo d’appartement, sous contrôle médical).
- L’adhésion du patient atteint d’ICC à divers ateliers d’éducation thérapeutique (ETP) effectués dans le cadre hospitalier ou de programmes associatifs spécialisés validé par les Agences Régionales de Santé (Programme ETIC Initial mené par l’association APETCARDIOOCCITANIE par exemple). Au cours de ce programme d’accompagnement, les patients apprennent à mieux connaître leur pathologie, à mieux maitriser leur traitement médicamenteux, à aménager leur lieu de vie ou poste de travail, à prendre soin davantage d’eux-mêmes et à s’autosurveiller afin de détecter le plus tôt possible une éventuelle aggravation.
L’insuffisance cardiaque est de plus en plus fréquente, en raison du vieillissement général de la population et d’une meilleure prise en charge des maladies cardiovasculaires et respiratoires qui en sont à l’origine (l’infarctus du myocarde occasionne moins de décès mais laisse des séquelles au niveau du myocarde).
Si l’âge moyen de l’insuffisance cardiaque se situe autour de 73 ans, la survenue d’un essoufflement inhabituel, une fatigue anormalement intense, à l’effort ou même au repos, ainsi que l’apparition d’œdèmes au niveau des chevilles doivent vous alerter et vous inciter à consulter votre médecin traitant.
Celui-ci, en fonction de son examen clinique, pourra entreprendre un bilan, comprenant généralement une prise de sang et des examens d’imagerie (radiographie thoracique ou échographie doppler), ou encore un électrocardiogramme.
FAQ
Quels sont les 4 signes d’insuffisance cardiaque ?
L’insuffisance cardiaque se manifeste par plusieurs signes caractéristiques qui doivent alerter. Le premier symptôme est l’essoufflement inhabituel, même au repos ou lors d’un effort léger, souvent dû à une diminution du débit sanguin. Le deuxième signe est une fatigue persistante, car les muscles et organes ne reçoivent pas assez d’éléments nutritifs. Le troisième symptôme est le gonflement des jambes, des chevilles et de l’abdomen, provoqué par une accumulation de liquide liée à une mauvaise fonction cardiaque. Enfin, le quatrième signe est l’apparition de palpitations ou d’un rythme cardiaque irrégulier, ce qui traduit une surcharge du ventricule gauche. Selon des sources médicales fiables comme l’Inserm et la Fondation Cœur et Recherche, ces symptômes nécessitent une prise en charge rapide avec des examens d’imagerie pour confirmer le diagnostic.
Quelle est la durée de vie avec une insuffisance cardiaque ?
La durée de vie d’un patient avec une insuffisance dépend de plusieurs facteurs, notamment la gravité de la maladie, l’âge et la prise en charge médicale. Selon la Société Européenne de Cardiologie, environ 50 % des patients vivent encore cinq ans après le diagnostic. Cependant, dans les formes les plus sévères, l’espérance de vie peut être réduite à un à deux ans sans traitement médicamenteux adéquat. Une prise en charge précoce avec des médicaments inhibiteurs du SGLT2, un suivi médical régulier et une activité physique adaptée peuvent améliorer la qualité de vie et ralentir la progression de la maladie. Par ailleurs, certains patients peuvent nécessiter une intervention chirurgicale, notamment en cas de valvules cardiaques défaillantes ou de cardiopathie ischémique avancée.
Quels sont les symptômes d’un cœur fatigué ?
Un cœur fatigué se manifeste par plusieurs symptômes indiquant un mauvais travail du cœur. Une sensation d’oppression dans la poitrine, souvent liée à une angine de poitrine ou à un infarctus du myocarde, est un signe fréquent. Les vertiges ou les évanouissements peuvent indiquer une perfusion des reins insuffisante et une mauvaise oxygénation du cerveau. Les difficultés respiratoires, notamment en position allongée, sont aussi révélatrices d’une stagnation du sang dans les poumons. Enfin, une fatigue excessive et une sensation d’épuisement montrent que le muscle cardiaque ne parvient plus à répondre aux besoins du corps. La Mayo Clinic recommande une consultation médicale avec un électrocardiogramme d’effort en cas d’apparition de ces symptômes pour établir un diagnostic précis et mettre en place un traitement de l’insuffisance adapté.
Vous avez un doute ? Vous voulez en savoir plus ? Demandez conseil à votre médecin ou profitez de l’occasion.
Sources :
-
- Fédération Française de Cardiologie -L’insuffisance cardiaque
- ottawaheart.ca – Point de mire sur l’insuffisance cardiaque
- apetcardiooccitanie.fr – les 4 stades de l’insuffisance cardiaque



