La définition de la structure de l’ADN, l’existence des chromosomes X et Y ainsi que la théorie concernant la génétique des bactéries sont autant de sujets passionnants et incontournables qui ont rythmé l’histoire des découvertes scientifiques.

Toutes victimes de l’effet Matilda, concept désignant la minimisation récurrente de la contribution des femmes à la recherche scientifique au profit de leurs collègues masculins. Elles ont parfois attendu longtemps dans l’ombre pour bénéficier de la reconnaissance qui leur revenait.

Retour sur le portrait de ces 3 grandes dames restées dans l’ombre.

Rosalind Franklin et son rôle dans la découverte de la structure hélicoïdale de l’ADN


Source : Rosalind Franklin, in Dumbo Feather 

Rosalind Franklin, devenue une icône féministe emblématique de ces femmes scientifiques que la vie a trop souvent malmené, aurait dû recevoir deux prix Nobel. Biologiste moléculaire, elle a été la première à réaliser des radiographies de l’ADN aux rayons X et à formuler l’hypothèse d’une structure hélicoïdale de l’ADN. Malheureusement, elle s’est vue soutenir ses découvertes par deux hommes, Francis Crick et James Dewey qui publièrent un article sur la structure à double hélice de l’ADN basé sur ses recherches, s’en octroyant les mérites. En 1962, ils obtinrent le prix Nobel de médecine pour cette découverte. Décédée prématurément des suites d’un cancer des ovaires, sans doute provoqué par sa surexposition aux radiations, Rosalind ne put défendre sa contribution à cette découverte. Elle travailla aussi sur la structure des virus, qui servira de base à son collègue de travail, le physicien Aaron Klug, qui recevra également un prix Nobel de chimie en 1982.

James Dewey Watson, reconnaitra en 2003 qu’elle aurait dû être nobélisée suite à ses travaux sur la structure de l’ADN.

 

 Nettie Stevens et son rôle dans la découverte des chromosomes X et Y

 

Source : Nettie Stevens, in Mujeres Bacanas

Dès le début du XXème siècle, Nettie Stevens découvrit au dépend de son maitre de thèse Thomas Hunt Morgan, que le sexe humain dépendait des chromosomes X et Y. C’est en étudiant une espèce de coléoptère qu’elle comprit que la présence ou l’absence du chromosome Y déterminait le sexe. Ses découvertes furent passées sous silence, allant à l’encontre des courants de pensée de l’époque, qui prônaient que le genre dépendait des facteurs environnementaux et était déterminé par la mère. Il faudra des années pour que sa théorie soit reconnue et c’est Thomas Hunt Morgan qui obtint le prix Nobel de médecine à sa place.

Un autre chercheur parviendra à des conclusions similaires, mais Nettie mourut d'un cancer du sein, sans la reconnaissance de ses compères, qui ne lui sera accordée que bien plus tard.

Nettie Stevens publiera de nombreux articles tout au long de sa vie et est aujourd’hui, reconnue comme une généticienne de renom.

 

3- Esther Lederberg et son rôle dans la génétique des bactéries

 

Source : Esther Lederberg, in News Standford

Microbiologiste renommée, elle découvrit très jeune que le phage lambda était un virus bactériophage qui infectait la bactérie escherichia coli. Elle développa une technique de culture bactérienne par réplication avec l’aide de son mari qui fit considérablement avancer la biologie moléculaire. Seul son mari Joshua Lederberg reçu le prix Nobel de médecine pour leur travaux communs. Elle fut éligible à un simple poste de vacataire non sans difficulté et enseigna pourtant avec brio à l’université de Stanford.

Par la suite, elle fonda un institut de recherche qu’elle dirigea et fut considérée comme une « légende » et un « génie de laboratoire », saluée comme il se doit lors de son décès par ses collègues enseignants de l’université de Stanford.

Toutes pionnières à leur manière, nous souhaitions leur rendre hommage, en ce jour particulier.